LES TRIBULATIONS D’UNE ANIMATRICE D’ATELIER AUX TEMPS DE LA COVID (1)

En novembre, des éducateurs de l’Association Jean Cotxet demandent de monter un atelier de formation pour quatre jeunes qui ont des enjeux à court terme. C’est le confinement. Impossible donc d’accéder aux locaux du foyer.  Reste la solution de la visioconférence. Nous avons tous des doutes sur la faisabilité d’un atelier en ligne, mais on se dit que cela vaut la peine d’essayer, l’alternative étant de laisser tomber ces jeunes au moment où ils expriment le besoin d’être aidés. Je me lance donc, en me disant que cela sera riche d’enseignements. Je n’ai pas été déçue !

Disons-le tout de suite : si la visioconférence s’est révélée fort utile pour nos réunions des bénévoles ou la Journée des Métiers 2020, il en va tout autrement pour les ateliers, où plusieurs problèmes se sont présentés. Je passe sur la première difficulté : sur les quatre inscrits, seuls trois jeunes ont finalement participé au premier module en ligne. C’est décevant, mais cela arrive aussi pour les ateliers « normaux ».

Viennent ensuite les difficultés techniques. Le foyer en question dispose bel et bien du matériel nécessaire à la tenue de la séance, et la mise au point technique a eu lieu.  Pourtant, j’ai beaucoup de mal à comprendre les jeunes et à instaurer un dialogue avec eux. Réunis ensemble dans la même salle, les jeunes portent tous des masques qui gênent immanquablement l’audition. On arrive tant bien que mal à échanger sur leur CV, mais c’est poussif. Voici donc le premier enseignement : la visio est adaptée pour des échanges unidirectionnels, mais ne permet pas de créer un lien avec un groupe de jeunes qu’on ne connaît pas. Les ateliers sont faits d’échanges, et le manque d’interactivité se fait cruellement ressentir au fur et à mesure que l’atelier progresse. L’autre obstacle, c’est la cible : dans cette structure qui accueille des élèves de troisième, plus jeunes que le public habituel des ateliers, il faut aussi pouvoir les garder concentrés pendant deux heures… sans être avec eux. Enfin, il y a le contexte : pour cause de COVID, les collèges viennent d’annuler l’obligation des stages d’une semaine pour lesquels ces jeunes avaient initialement demandé cet atelier. Un public moins mature, un manque d’actualité dans le sujet et des difficultés techniques, tout cela rend cette première session assez frustrante pour tous les partis, quand bien même la réactivité et l’implication des éducateurs contribuent à préserver l’essentiel : l’implication des jeunes jusqu’au bout de la session. 

N’en reste pas moins qu’à la fin de la séance, les éducateurs et moi arrivons à la même conclusion : le format virtuel n’est pas adapté aux ateliers. La présence de l’animateur dans la pièce est nécessaire pour que tout se passe bien, que les jeunes ne décrochent pas et que chacun puisse s’impliquer personnellement dans l’atelier.  La bonne nouvelle, c’est que les jeunes ont saisi l’intérêt de la démarche, et sont toujours partants pour une deuxième session… en présentiel !